Depuis la création du tribunal Russell, présidé par Jean-Paul Sartre, sur les crimes commis par les États-Unis au Vietnam, les «tribunaux d’opinion» se sont multipliés: l’auteure en recense près de 300. Malgré leur importance, ces institutions extrajudiciaires et non gouvernementales sont très largement ignorées par la doctrine et la pratique du droit pénal international. L’ouvrage de Camille Montavon vient combler cette lacune et démontre minutieusement comment les travaux des tribunaux d’opinion ont souvent su préfigurer l’évolution plus lente du droit pénal international.

Là où, par exemple, le droit positif peine encore à appréhender les défis environnementaux, les tribunaux d’opinion ouvrent la voie et explorent des notions comme celles du crime d’écocide. Les travaux des tribunaux d’opinion fournissent ainsi, sous le prisme attentif de l’auteure, une critique précieuse des défaillances du droit pénal international actuel et des indications utiles sur les voies à emprunter.

L’avis de plaidoyer: Cette thèse, plaidoyer pour un mécanisme alternatif et non contraignant, invite le lecteur à une intéressante mise en abyme de la justice pénale internationale. Une lecture indispensable pour appréhender l’actualité: le procès de l’agent orange ne se joue-t-il pas dans le cadre de la «condamnation» des États-Unis et d’industriels par un tribunal d’opinion en 2009?

Les tribunaux d’opinion face à l’impunité des crimes de masse: quelle légitimité pour quelle effectivité?
Camille Montavon
Bâle, Helbing, 2023
544 pages, 88 francs, 978-3-7190-4786-3