D’ici 2026, les échanges juridiques électroniques et la consultation électronique des dossiers entre toutes les parties impliquées dans une procédure judiciaire aux niveaux cantonal et fédéral devront se faire via la plateforme centrale «Justitia.Swiss». Intitulé Justitia 4.0, ce projet est censé faciliter l’accès à la justice et accélérer les procédures.

Un changement radical qui ne fait pas encore l’unanimité. Ce n’est pas faute de moyens. La Conférence des directrices et directeurs des départements cantonaux de justice et police (CCDJP) met en effet la gomme pour convaincre de l’utilité de cette plateforme de justice numérique. 

L’agence de publicité Dachcom aurait ainsi reçu 3,3 millions de francs pour rendre le projet Justitia 4.0 populaire. Selon le magazine K-Tipp, la CCDJP financerait en outre une autre agence pour effectuer des mesures ciblées contre les «fortes résistances». L’agence de publicité Leif a pour sa part été chargée de rallier les avis critiques au sein de la justice.

Par ailleurs, la CCDJP emploie deux conseillères dites de «changement» qui ont été chargées d’interroger de manière régulière quelque 150 fonctionnaires et avocats sur la question. En cas de «blocages ou résistance», l’équipe doit, selon le document stratégique, intervenir, en organisant par exemple des cours. L’objectif est donc clair: faire «changer les perspectives», mais aussi «identifier et éliminer les résistances».

C’est donc grâce à des cours financés par l’argent des contribuables que les éventuels réfractaires sont amenés à changer d’avis sur Justitia 4.0. Le budget publicitaire engagé dépasse les 3,7 millions de francs. À cela s’ajoutent les coûts de quatre personnes travaillant à 275% pour la «communication» et la «gestion du changement».