La baisse d’environ 20% du nombre de rentes AI observée depuis le milieu des années 2000 est due principalement au durcissement des critères d’éligibilité. C’est l’une des conclusions d’une étude menée aux Universités de Genève et de Lausanne par le pôle de recherche national LIVES. Sous l’angle de l’âge, elle relève un effet paradoxal des réformes de l’AI: alors que ces dernières visaient tout particulièrement à répondre à l’augmentation du nombre de jeunes bénéficiaires de rentes, la proportion des 18-35 ans n’a pas diminué (environ un tiers du total des rentes). Les chercheurs pointent aussi un renforcement de certaines inégalités. Ainsi, les personnes déposant une demande de rente AI pour des raisons psychiques ont nettement plus de chances de l’obtenir que celles qui avancent des raisons somatiques. Par ailleurs, ce sont avant tout les plus jeunes assurés (18 à 35 ans) qui bénéficient de mesures de réadaptation professionnelle.

L’étude note encore que, en dépit des outils de détection et d’intervention précoce, «le manque de connaissance à l’égard de l’AI et le stigmate qui lui est associé, renforcé par les mesures de lutte contre les «abus», ont un effet désincitatif qui tend à accroître le risque du non-recours» à l’AI par des personnes qui y auraient droit. Les enquêteurs ont suivi les trajectoires administratives d’un total de 1500 personnes ayant déposé une demande auprès de l’Office AI du canton de Vaud.