La pandémie représente aussi un défi pour les établissements pénitentiaires. Selon la Conférence des directrices et directeurs des Départements cantonaux de justice et police (CCDJP), six détenus auraient été infectés par le virus au cours de la phase initiale de la pandémie, soit entre avril et la fin de mai. Parmi le personnel, ils seraient quarante à avoir été infectés à cette même période. Reprise en novembre  2020, la collecte de données fait état de 98 cas supplémentaires parmi les détenus et 243 parmi le personnel, pour les deux derniers mois de l’année. Pour l’heure, impossible d’avoir une vision globale de l’année 2020. Il n’y a par ailleurs aucune collecte de données différenciées qui contiendrait des informations sur les personnes infectées, malades, en quarantaine ou hospitalisées.

Chargé de cours aux Universités de Lausanne et de Lucerne, Daniel Fink est un fin connaisseur de la statistique de la criminalité dans ses relations avec la politique criminelle. Selon lui, cette situation peut s’expliquer de deux manières : « Soit on pensait, après le nombre relativement faible de cas au début de l’année 2020, que le virus ne serait plus un problème à partir de juin, soit qu’il s’agissait d’une tâche purement cantonale. Une décision problématique, quelle qu’elle soit ! » Le professeur regrette « qu’on n’ait pas été capable, en Suisse, de réunir davantage de chiffres clés ». Il aurait aimé que l’Office fédéral de la statistique se montre intéressé et « se consacre à cette petite tâche d’enquête ».

Sachant que les prisons ont le devoir de protéger la vie et la santé des détenus, Plaidoyer en a interpellé quelques-unes  otamment Pöschwies (ZH), Lenzburg (AG) ou encore Cazis (GR)  our connaître les mesures concrètes qui ont été prises, afin de protéger les détenus durant la pandémie. Réponses : il est arrivé que des visites se fassent avec des masques de protection et du plexiglas, qu’elles se limitent entièrement à des contacts téléphoniques, ou qu’elles soient, à la demande du détenu, annulées ou remplacées par des appels Skype. Les prisons ont cependant maintenu leur programme de travail et de loisirs. L’accès aux lieux de travail s’est fait par alternance et en plus petits groupes, avec l’obligation de porter des gants ainsi que des masques de protection. L’accès aux salles de sport a été partiellement assuré de la même manière. La prison de Pöschwies est allée plus loin et a prévu une aile d’isolement dotée de 16 cellules pour les patients atteints de Covid-19.