Thomas Galli, 48 ans, a travaillé dans le domaine pénitentiaire pendant plus de quinze ans, notamment en tant que directeur de la prison de Zeithain (Saxe, Allemagne). Depuis 2016, il exerce comme avocat spécialisé dans le droit de l’exécution et de l’application des peines. Il est également connu pour avoir écrit plusieurs livres. Dernier en date, « Weggesperrt » (« Enfermés »*). Un ouvrage dans lequel l’auteur expose les raisons pour lesquelles il estime que les prisons ne sont utiles à personne et pourraient être abolies. Selon lui, l’emprisonnement ne resocialiserait pas le délinquant et aurait même un effet contre-productif. Les détenus se retrouvent comme mis sous tutelle et perdent presque entièrement leur intimité. Sans oublier l’omniprésence de la violence et des stupéfiants. Thomas Galli se demande comment les détenus pourraient bien gagner en responsabilité sociale dans un environnement si éloigné de la réalité et que la majorité va, tôt ou tard, quitter.

Selon l’avocat, la prison exerce par ailleurs un effet nettement moins dissuasif qu’on ne l’imagine sur les criminels potentiels. Il rappelle tout d’abord que la plupart des auteurs comptent bien ne pas se faire prendre. Et précise ensuite que « la durée et la sévérité potentielles d’une peine d’emprisonnement n’ont aucune influence sur le processus de décisions des délinquants ». Selon Thomas Galli, l’effet serait donc contraire, dans le sens où les prisons augmenteraient la probabilité de récidive des délinquants. « Elles coûtent très cher et ne sont plus dignes d’une société éclairée et humaine. » Alors, par quoi les remplacer ? Thomas Galli évoque des pistes, notamment l’assignation à résidence sous surveillance électronique, mais aussi la possibilité de créer des unités de vie décentralisées et sécurisées.

* Weggesperrt, Editions Körber, pour l’heure uniquement disponible en allemand